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Nani

ar pudeur ou souci d’intégration, mon père n’a jamais voulu me raconter sa vie
d’avant la guerre.
Aujourd’hui, je mesure le leg que j’ai dû recevoir pour le distribuer à mon tour.
J’ai voulu savoir d’où je venais dans son histoire égarée, et cherché dans les
témoignages discrets de ses amis, de ses complices, ces moments qu’il voulait
oublier. J’ai dû aussi traduire les silences qu’il partageait avec ma mère.
Alors que l’automne de ma vie égrène ses instants apaisés et sereins, je mesure
combien cet héritage est devenu une force.
Mon père est né à Grezzana, près de Véronne en 1912, dans cette Italie qui
allait devenir la patrie du fascisme.
La vie de labeur y était souriante et belle jusqu’à l’annonce de l’erreur qu’il a dû
endosser.
Il a rencontré la guerre et l’horreur en 1936. Il est devenu un de ces gars à
l’âme cabossée que l’histoire a voulu oublier.
Par pudeur ou par souci d’intégration, il s’est fondu dans l’ombre de son pays
d’adoption, pour nous emmener avec lui dans un monde empli d’espérance.
Ce puzzle de témoignages me rappelle la vie d’avant que je n’ai pas connue, et
laisse parfois la suave amertume m’envahir, le temps de la souvenance :

« Là d’où je viens ! »

Nani

20,00€Prix
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